Histoire d'un succès collectif
SSQ Assurance a publié le livre « Histoire d’un succès collectif, 1944-2014 ». On y relate l’histoire de l’entreprise, de sa fondation en 1944 jusqu’à son 70e anniversaire, en 2014.
Note au lecteur
À la fin de 1986, SSQ, Mutuelle d'assurance-groupe publiait sous la plume des auteurs, Mme Line Ouellet et M. Marc Vallières, l'histoire de ses quarante premières années d'existence, de 1944 à 1984.
En avril 2011, M. Jacques de la Chevrotière nous quittait. Il est alors apparu évident qu'une page de l'histoire de SSQ se tournait et que le temps était venu de relater son histoire plus récente. S'est alors déclenchée une série de rencontres et d'entrevues afin de documenter le passage de plusieurs personnes ayant marqué les trente dernières années de SSQ. Ce mandat a été confié à M. Jacques Saint-Pierre, écrivain et historien.
Pour conserver la trame historique et appuyer ce second volet historique, il a été choisi de rééditer intégralement le premier livre de l'histoire de SSQ, L'histoire d'un succès collectif, 1944-1984, et de poursuivre avec une seconde section relatant les années 1985 à 2014. Le lecteur remarquera donc un changement marqué de forme et de style, reflet de ces deux périodes.
Depuis ses débuts et tout au long de son développement, SSQ est resté solidement ancré dans ses valeurs d'origine. Ses valeurs ont influencé les décisions et les actions au quotidien et ont fait de SSQ une entreprise où la conduite des affaires est humaine, depuis 1944 et encore en 2014. Voilà pourquoi ce livre se devait de s'intituler : L'histoire d'un succès collectif, 1944-2014
Avant-propos
Diriger une organisation comme SSQ est un privilège. Une organisation qui, depuis ses débuts, est restée fidèle à ses valeurs et dont la mission définit non seulement le quoi mais également le comment. Elle nous dit d'offrir des produits et services financiers de haute qualité : c'est le quoi. Elle nous indique de le faire en nous inspirant des valeurs mutualistes qui placent la personne et le développement social au coeur de nos actions : voilà le comment.
Ce livre relate les 70 ans d'histoire de SSQ, depuis ses débuts comme coopérative de soins de santé dans le quartier Saint-Sauveur à Québec, en passant par sa transformation en mutuelle d'assurance œuvrant au Québec pour arriver en 2014 au groupe financier présent sur l'ensemble du territoire canadien.
À travers les hauts et les bas des 70 années d'existence de SSQ, c'est l'histoire d'un succès collectif qui est racontée. C'est aussi un hommage aux femmes et aux hommes qui ont bâti et fait grandir SSQ, ainsi qu'aux partenaires qui ont cru et croient toujours en nous.
Une institution financière moderne, performante et responsable avec les valeurs à la bonne place : voilà le résultat des 70 premières années d'histoire de SSQ.
Pierre Genest
Président du conseil d'administration
SSQ Groupe financier
René Hamel
Président-directeur général
SSQ Groupe financier
Septembre 2014
Les années 1944-1984
Une entreprise issue des milieux populaires. Des groupes sociaux très divers qui collaborent ensemble pour se doter d'un outil économique qui les sert dans une sphère hautement concurrentielle. Histoire d'une réussite, source d'espoir pour celles et ceux qui misent sur l'idéal coopératif.
Introduction
Voici une histoire vécue. C’est celle d’une entreprise, maintenant bien établie, dont la mise sur pied et les premières années ont été fort mouvementées. Le récit nous reporte à une époque encore récente puisque le gros de l’« action » se passe dans les années quarante et cinquante.
Certains lecteurs reconnaîtront le climat sociopolitique de ce temps tandis que d’autres, plus jeunes, s’étonneront de voir combien la société québécoise d’aujourd’hui est différente, à tous égards, de celle que l’on peut entrevoir dans ces pages.
Un homme et une idée (1939-1944)
Divers éléments, parmi lesquels la situation économique difficile d'un grand nombre de Canadiens français, une politique de non-intervention de l'État québécois et le large consensus qui régnait autour de l'idéologie cléricale et nationaliste, expliquent qu'autant d'initiatives privées veuillent, à compter d'un certain moment, pallier les nombreux problèmes des ouvriers, des agriculteurs et de la petite bourgeoisie. Jusque-là, en effet, dans le cas des services sociaux et des assurances contre les aléas de l'existence (maladie, chômage, vieillesse...), les programmes gouvernementaux étaient rares et relevaient pour la plupart du gouvernement fédéral : ainsi, la Loi sur les pensions de vieillesse (1926), celle sur l'assurance-chômage (1941) et celle sur les allocations familiales (1944). Seules l'assistance publique (1921) et l'aide aux mères nécessiteuses (1937) avaient attiré l'attention du gouvernement provincial. Quant au reste, c'était ou bien l'intervention privée ou bien la charité publique.
Le Québec, à l'époque, n'était toujours pas engagé sur la voie de l'interventionnisme d'État. L'Église, par ses organismes de secours et de charité, agissait de son mieux, mais elle faisait face à une tâche nettement au-dessus de ses moyens. Et cela, en dépit d'incessants appels à la solidarité des citoyens pour qu'ils appuient l'Église dans son œuvre sociale. Car l'État ne se reconnaissait encore qu'une fonction strictement supplétive.
La fondation de la Coopérative de Santé de Québec (1944)
Depuis déjà cinq ans, le docteur Tremblay, dans ses nombreux voyages, tente de propager les principes de la médecine coopérative. Ses études et ses recherches, sur les expériences américaines principalement, lui permettent de découvrir les exigences de fonctionnement d'une coopérative médicale. Éducation et propagande, administration, comptabilité, actuariat..., autant de compétences essentielles au succès d'une telle coopérative. Il fallait acquérir ou regrouper ces compétences et en assurer la présence au sein d'une coopérative. À défaut de quoi, tous les efforts de diffusion auraient été vains.
Un élément ajoutait à l'urgence : le docteur Tremblay craignait l'établissement prochain au Québec, d'une entreprise d'assurance santé d'origine américaine, la Croix-Bleue, déjà à l'œuvre aux États-Unis. Cette menace d'une nouvelle intrusion étrangère sur un marché québécois encore peu développé rendait d'autant plus nécessaire, selon lui, une action concrète. Or, le docteur Tremblay restait, et de loin, le plus versé en médecine coopérative, donc le plus apte à piloter pareille initiative.
La Coopérative de Santé de Québec (1944-1945)
Ces assemblées de fondation ont donné à la Coopérative des règlements et des cadres de fonctionnement capables de durer des années après plusieurs versions préliminaires et des débats animés à l'occasion de la mise en place de la Coopérative. Les premiers règlements qui mentionnent d'abord la « Coopérative médicale de Québec » puis la « Coopérative de Santé de Québec » étonnent par l'ampleur des pouvoirs que retiennent les membres. La première version prévoit, par exemple, outre l'assemblée générale annuelle, des assemblées régulières aux mois de septembre, décembre et juin.
Les Services de Santé de Québec (1946-1949)
L'année 1946 marque une étape importante dans la croissance de SSQ. Il s'agit même d'un nouveau départ. Jusqu'alors, la Coopérative n'avait eu qu'un rayonnement très local lui permettant à peine de vivoter. Or, concurrent redoutable, la Croix- Bleue était désormais à pied d'œuvre.
L'installation de la Croix-Bleue au Québec n'effrayait pas seulement les responsables de la Coopérative. Le clergé y était aussi sensible et, au premier chef, Mgr Georges-Léon Pelletier, évêque auxiliaire de Québec. Celui-ci encourage et incite la Coopérative à se réorganiser pour faire échec à la Croix-Bleue. Pourquoi cette insistance ? Parce que, selon Mgr Pelletier et certains de ses collègues, la Croix-Bleue, par sa neutralité religieuse, pourrait se révéler néfaste tant pour la population que pour les hôpitaux catholiques de la province. À cette pression s'ajoutaient, bien sûr, les arguments économiques.
Redressement et croissance accélérée (1950-1959)
En raison de tous ces bouleversements, l'année 1950 s'annonce difficile. Depuis 1948, l'actif de la Société diminue, le déficit de l'année 1949 représente 20 % de l'actif. Le nouveau directeur général, M. Jacques de la Chevrotière, devait pallier cette vulnérabilité au plus vite. Il fallait, répétons-le, survivre.
L'adaptation à une société en mutation (1960-1972)
La syndicalisation des employés SSQ révèle que l'entreprise en arrive à une nouvelle étape, en même temps d'ailleurs qu'y parvient l'ensemble de la société québécoise. Le lent processus de transformation des rapports économiques et sociaux obtient, en effet, au même moment et un peu partout, la sanction officielle du pouvoir politique. Désormais, l'urbanisation et l'industrialisation dessinent un tout autre visage à la collectivité québécoise.
SSQ, spécialiste de l'assurance collective (1973-1982)
Dès le tournant des années 1950, SSQ avait pressenti les nombreuses transformations qui allaient modifier le profil de la société québécoise.
La mutuelle avait participé au débat sur les problèmes constitutionnels en 1954, puis à celui sur l'assurance-hospitalisation en 1960. Elle avait aussi fait l'expérience, en 1962, d'un programme d'assurance maladie en région. Au fil de ces gestes et de ces discussions, SSQ a défini sa stratégie et son style : elle a décidé de travailler en superposition à l'intervention gouvernementale et d'en combler les lacunes. Cela lui semble non seulement la seule voie de survie, mais aussi le chemin de l'utilité et de la rentabilité.
Les années 1985-2014
SSQ Groupe financier a connu, au fil des ans, une croissance remarquable. Aujourd'hui, SSQ est une institution financière solide et diversifiée, incontournable dans le paysage financier pancanadien.
SSQ, une tradition qui se poursuit (1985-1990)
Avec un actif de 288 millions de dollars et un avoir de 18 millions de dollars, en 1984, SSQ écrit un nouveau chapitre de son histoire.
En 1984, le gouvernement du Québec devient le premier au Canada à se lancer dans la voie du « décloisonnement », qui vise à éliminer les barrières entre les quatre piliers du système financier (banques, assureurs, sociétés de fiducie et courtiers en valeurs mobilières). Cette décision s'inscrit dans le courant du néolibéralisme économique et de l'émergence du « Québec inc. », c'est-à-dire des entreprises développées par des francophones avec des capitaux provenant d'institutions publiques telles que la Caisse de dépôt et placement du Québec et la Société générale de financement, ou de programmes comme le Régime enregistré d'épargne-actions, et de fonds privés tels que le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec.
Une période tumultueuse (1991-1993)
De 1984 à 1990, les compagnies d'assurance de personnes à charte québécoise connaissent une croissance assez spectaculaire. Leur actif passe en effet de 2,5 milliards de dollars à 10,6 milliards de dollars. SSQ Mutuelle d'assurance-groupe se classe alors au cinquième rang de ce peloton de tête avec un actif dépassant 780 millions de dollars. Ces données masquent cependant une réalité différente, soit la précarité financière dans laquelle se retrouvent certaines entreprises. Elles ne disposent pas d'une capitalisation suffisante pour faire face au renversement de la conjoncture économique qui se produit en 1990. Alors que Les Coopérants devront déposer leur bilan et que La Laurentienne sera absorbée par Desjardins, SSQ devra sa survie au soutien du milieu syndical et, en particulier, au Fonds de solidarité FTQ.
Un nouveau départ (1993-2001)
Les faillites successives de Les Coopérants en 1992, de La Souveraine Vie de Calgary en 1993 et de la vénérable Confédération Vie de Toronto en 1994 ébranlent fortement l'industrie canadienne de l'assurance de personnes. Liée surtout aux difficultés dans l'immobilier, cette crise ne modifie cependant pas les tendances lourdes de l'évolution du secteur. La restructuration de l'industrie amorcée plus tôt se poursuit en effet, avec des regroupements très importants au tournant des années 2000, dans un contexte de démutualisation et d'inscriptions en bourse.
Avec l'appui des syndicats, et plus particulièrement du Fonds de solidarité FTQ, SSQ opère un redressement de sa situation financière qui lui permet de poursuivre ses activités, de développer de nouveaux produits et de conquérir de nouveaux marchés. Elle continue à assumer sa mission auprès de ses membres en créant de nombreux emplois pour les jeunes. Après avoir traversé la tempête, elle s'impose face à la concurrence en misant sur ses valeurs mutualistes et sur un modèle de gouvernance original, pour atteindre ses objectifs. Elle se distingue ainsi de plusieurs autres compagnies mutuelles, qui choisissent de se convertir en sociétés à capital-actions pour faciliter leur développement.
Croissance et diversification dans le respect des valeurs (2002-2011)
À l'aube du nouveau millénaire, le secteur financier traverse une période de très grande effervescence marquée surtout par une vive concurrence. Les assureurs qui oeuvrent à l'échelle canadienne s'efforcent de consolider leur position sur un marché convoité à la fois par les assureurs et d'autres institutions financières dont les banques, mais ils cherchent aussi à développer les marchés étrangers. Pour les assureurs québécois, l'objectif est de soutenir la compétition et, pour certains d'entre eux, dont SSQ, de déborder les frontières de la province.
La désignation SSQ Groupe financier, adoptée en 2000, témoigne d'abord d'une nouvelle vision de la croissance de l'entreprise basée sur le renforcement de son image de marque, le service à la clientèle et la synergie des secteurs d'activités. Au moment de franchir le cap du milliard de dollars de revenus annuels, en 2003, SSQ actualise ses orientations stratégiques, en visant une croissance soutenue pour améliorer le bien-être de ses membres et du milieu dans lequel ils évoluent.
Acquisitions et repositionnement stratégique (2012-2014)
Après avoir assuré sa croissance par la conquête de nouvelles parts de marché, SSQ procède à quelques acquisitions pour renforcer sa position en assurance vie, en assurance automobile et en assurance voyage. L'assureur adopte aussi un nouveau plan stratégique, qui comporte un repositionnement du secteur investissement et retraite, ainsi qu'un premier plan de développement durable et de responsabilité sociétale. Ces orientations s'accompagnent d'une volonté très ferme de maintenir le caractère distinctif de la mutuelle.
SSQ Groupe financier écrit une nouvelle page de son histoire en 2012.